La géopolitique en résumé #5 Jean-Baptiste Noé

20 août 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : (c) Unsplash

Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

La géopolitique en résumé #5 Jean-Baptiste Noé

par

Qu’est-ce que la géopolitique ? Jean-Baptiste Noé apporte quelques réponses brèves au questionnaire Lacoste.

Dans son premier numéro, Conflits avait interrogé Yves Lacoste, l’un des pères du renouveau de l’école française de géopolitique. À l’issue de l’entretien, plusieurs questions brèves lui avaient été posées. C’est ce questionnaire à Yves Lacoste, devenu le « questionnaire Lacoste » auquel répondent les membres du comité de rédaction de Conflits.

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique, professeur d’économie politique à l’Université catholique de l’Ouest (Angers) et à l’Institut Albert le Grand (Lyon). Il dirige le cabinet d’intelligence économique Orbis Géopolitique.

Dernier ouvrage paru : Les ombres de la terre. Chroniques géopolitiques.

Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a spécifiquement mené vers la géopolitique ?

J’ai une formation d’historien puisque je suis passé par une khâgne et que j’ai réalisé un doctorat en histoire économique. Quand on traite de l’histoire économique on est obligé, pour comprendre les phénomènes étudiés, de s’intéresser à plusieurs disciplines : économie bien sûr, mais aussi marketing, sociologie, droit, littérature et bien évidemment géographie et histoire. C’est cette multidisciplinarité qui m’a conduit vers la géopolitique. Ajoutons à cela le fait que ma thèse portait sur Total, donc sur le pétrole et ses implications mondiales. Et puis les rencontres bien sûr, fondamentales dans toute vie intellectuelle. Avoir rencontré Pascal Gauchon en 2014, lors du lancement de Conflits, par l’entremise d’un ami commun, m’a permis de découvrir le monde de la géopolitique, des personnes avec des sujets d’intérêt différents et un univers intellectuel, celui de la géopolitique, qui n’était pas le mien de prime abord.

Votre définition de la géopolitique ?

L’étude des rapports de force dans les espaces. Et aussi, son corollaire, l’étude des représentations mentales, dans les espaces et dans le temps.

A lire aussi : Entretien avec Yves Lacoste – Une géopolitique virile !

La vertu cardinale d’un géopoliticien ?

Se mettre à la place des autres, aussi bien dans sa tête que dans son lieu.

Le péché capital pour un géopoliticien ?

Penser que ce qu’il voit, ce qu’il comprend ou ce qu’il ressent est nécessairement partagé par tout le monde.

Votre maître (ou vos maîtres) ?

En histoire économique, Jacques Marseille et Dominique Barjot, deux maitres talentueux avec qui j’ai réalisé mon doctorat. En géographie, Jean-Robert Pitte, que j’ai eu la chance d’avoir comme professeur à la Sorbonne et Roger Dion, incomparable historien de la géographie. Les deux ont travaillé sur la formation des terroirs et leur mise en valeur par l’activité humaine. La géographie, quand elle est bien enseignée et bien étudiée, est une discipline essentielle et merveilleuse pour comprendre l’organisation des territoires. Enfin, je ne peux oublier René Girard, dont la lecture lors de cours ennuyeux à l’université m’a permis de comprendre le sens du sacrifice humain dans l’histoire.

Votre voyage le plus instructif ?

Mon premier séjour à Rome, quand j’avais 18 ans. J’ai découvert la beauté accumulée sur plusieurs siècles, la permanence et la transmission de l’histoire en un lieu restreint et le sens de la romanité, qui est l’un des fils conducteurs de mes recherches.

Votre sujet d’étude de prédilection ?

La romanité justement, c’est-à-dire ce qui fait la spécificité de l’Occident par rapport aux autres cultures et civilisations.

Le fondement de la puissance selon vous ?

Vouloir. Et aussi travailler : la fainéantise ne permet pas le développement. Il n’y a pas de pays « privilégiés » qui seraient puissants grâce à une nature généreuse ou des conditions naturelles favorables. La puissance est une question de travail, d’innovation, de mise en valeur par l’effort des hommes sur plusieurs générations. Les paysages viticoles en sont le parfait exemple : la totalité des grands crus est situé sur des terroirs construits de mains d’hommes en des lieux inhospitaliers et insalubres. La facilité ne conduit jamais à la puissance.

A lire aussi : De la Byzantina Roma à l’Ottomana Roma

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : (c) Unsplash

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !

À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest